Septembre 2014, de Bayonne à Santiago

27 septembre de Colunga à Gijon

Aïe aïe aïe! Le démarrage est toujours aussi difficile, d'autant plus que je ralentis volontairement dans les anti-inflammatoires que je ne supporterai pas pendant encore trois semaines! J'emballe doublement mes genoux, vu que les genouillères lavées hier soir sont encore humides... Je crois de plus en plus qu'il va falloir être raisonnable, ne péchons pas par orgueil .... d'autant plus que je n'abandonnerai pas l'idée d'arriver à Santiago, je la diffèrerai seulement d'une petite année! En chemin, je discute avec un pèlerin allemand de Mayence, confronté au même genre de problème . Et tous les deux nous commençons à évoquer le retour...

En attendant, essayons d'atteindre Villaviciosa... un petit pas après l'autre, sur la route, à travers les vallonnements du pied de la Sierra. Une brume épaisse enveloppe encore les silhouettes des montagnes, les prés et les forêts, certaines vaches sous leurs pommiers se drapent encore d'un voile élégant , tandis que d'autres étalent déjà au soleil leur robe dorée... Même le son des cloches est un peu étouffé . La route monte et descend, j'arrive à la chapelle San Pedro: c'est l'heure de la pause-banane!
Le chemin qui suit reste fidèle à lui-même , tantôt goudron, tantôt forestier (avec même quelques passages boueux!), chemin de campagne au monde des vaches et des moutons , avec des dénivelés plus conséquents ... Je marche en alternative avec un groupe d'irlandais (sans sacs), avec une jeune allemande de Stuttgart qui a vu partir sa copine pour cause de problèmes de genoux... encore une!

J'allonge le pas... pour en faire moins... mais rien n'y fait, il faut que je me rende à l'évidence: il faudra un bon temps de repos pour remarcher normalement! Finalement je me traîne jusqu'à Villaviciosa, et j'y trouve une ville éteinte , de longues rues toutes droites bordées d'immeubles , quand donc arriverai-je au centre ancien? Finalement je trouve l'office de tourisme et l'église, une belle église romane ouverte, mais bien sombre ! Je prends quelques infos et je me précipite (avec ma vitesse actuelle...) vers la station de bus pour échapper aux tarifs des hôtels de la ville: ce soir, j'irai dormir au camping de Deva (Gijon)!
Le bus me pose devant un vaste parc où je m'aventure avec hésitation: il s'agit d'un parc-restaurant de loisirs où les tables sont nappées de blanc jusque par terre.. Je dois faire tache dans ce cadre, et on m'indique le camping, un peu plus loin... Il faut encore marcher jusque là-bas!
Sur place, j'ai droit à un lit dans un chalet pour 6, qu'importe, ça fera l'affaire! Une chance, j'ai du wifi et je m'empresse de réserver le bus du retour: il est grand temps de prendre la décision!
Je partirai donc mardi d'Oviedo pour arriver mercredi soir à Strasbourg!
Soulagée, je peux répondre joyeusement à l'invitation de mes voisins: nous passerons encore une bonne soirée de Camino ensemble, avec un trio d'allemands et Philippe, français d'Argentine... tous prêts à quitter momentanément le Chemin...
Entre temps arrive une tchèque dans mon chalet... Difficile de trouver une langue pour nous comprendre, mais avec les gestes.... et un peu d'espagnol ...
Je n'ai pas encore mentionné à qui je dédiais les pas de ce jour: bon anniversaire, Jean-Louis! Puisse cette année nouvelle t'apporter bonheur et sérénité!